La police de Berlin empêche-t-elle
l’élucidation de l’incendie criminel ?
La façon de traiter et d’aborder l’incendie criminel sur les toilettes du Refugeecamp de l’Oranienplatz laissent, une fois de plus, douter de la volonté d’élucidation des autorités chargées de l’enquête. Comme dans le cas des nombreuses attaques sur le logement des réfugié(e)s à Hellersdorf, les indices qui suggèrent des intentions politiques sont de facto ignorés et exclus . Un changement d’approche de la part des autorités chargées des enquêtes à Berlin n’a pas pu être observé après les meurtres du NSU et les nombreux autres meurtres ou attaques racistes ou de droite non élucidés ou classés comme „sans intention politique“.
Malgré de nombreux indices tels que des incendies criminels sur les bennes à ordures du campement, des autocollants nazis dans le campement même, la présence de photographies du campement ainsi que de menaces et d’incitations à la violence sur des sites connus et en partie effacées de nazis et de racistes sur Internet / dans les réseaux sociaux etc, la police de Berlin refuse de reconnaître les indices d’une présumée intention politique derrière l’incendie criminel. A la différence notamment du dernier incendie criminel sur le logement de demandeurs d’asile et de sans-abri à Hambourg, c’est uniquement le service d’incendie qui enquête. Aucun résultat d’enquête sur l’utilisation d’accélérateurs d’incendie n’a été présenté jusqu’à présent. Même après avoir attiré l’attention des agents sur les caméras de surveillance dans la zone, ceux-ci n’étaient, une fois revenus sur les lieux, guère motivés pour aller questionner les entreprises locales ou les gestionnaires immobiliers.
Il n’a pas encore été clarifié où étaient demeurés ce matin-là les fonctionnaires en civil, d’habitude si fréquemment présents en grand nombre dans l’environnement du Refugeecamp. De toute évidence, ceux-ci ne servent qu’à surveiller, à augmenter la pression et la répression contre les réfugié(e)s qui protestent sur l’Oranienplatz. Il n’y a pas eu non plus de réactions de la part du gouvernement qui avait jusqu’à présent misé plutôt sur l’escalade du conflit et fantasmé sur une évacuation: aucune réaction sur les dommages causés, ni sur une solution pour la situation précaire des toilettes.
En l’absence de confiance envers les dirigeants politiques et la police pour élucider l’incendie criminel, les locateurs et locatrices des toilettes ont décidé de porter eux-mêmes plainte contre X et demandent à consulter tous les dossiers de l’enquête. En outre, ils/elles exigent que le public soit informé de façon transparente et complète.
Personne ne se promène mine de rien dans les rues autour du campement à un tel horaire matinal en plein hiver, trouve par hasard ces toilettes et, pris d’ennui, joue un peu avec son briquet. De façon générale, nous exigeons que la police et les responsables politiques changent enfin leur approche et leurs méthodes d’enquête en cas d’attaques, de meurtres et d’incendies criminels présumés racistes et de droite. Si une intention raciste entre en ligne de compte, et si l’on dispose d’indices, ceux-ci doivent être pris au sérieux et communiqué jusqu’à preuve du contraire. Cela devrait être la moindre des choses qu’on est en droit d’exiger après des décennies d’échecs de la part des autorités et des décideurs politiques face au meurtres et attaques racistes. Nous demandons que la politique prenne position, garantisse la sécurité et des conditions de vie dignes aux participant(e)s de la lutte des réfugié(e)s, et se charge du dommage causé ainsi que de la mise à disposition d’installations sanitaires.
Signé: réfugié*es en lutte, ainsi que ceux et celles qui les soutiennent